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Minéralogie du Sud Est

La Fluorite dans le Var et les Alpes Maritimes

Article original paru dans le bulletin de l'AFM n°2/2008 (100)

Faire ici un inventaire des sites à fluorite, ou des formes de cristaux rencontrées serait tout à fait présomptueux, aussi nous contenterons nous de faire un « survol » général de la fluorite des Alpes-Maritimes et du Var.


Tout d'abord, dans les Alpes-Maritimes (non par chauvinisme, mais parce qu'il y en a moins !…), la fluorite n'est connue que dans trois sites : les mines de Lucéram et Maurevieille, et les indices de Gardanne et du sommet Pelet.

Seule la mine de Maurevieille a livré en son temps des cristaux dignes d'intérêt. Cinq générations de fluorite y ont été identifiées, mais les géodes y furent malheureusement très peu fréquentes. Actuellement les haldes se montrent très pauvres en minéraux. Avec de la chance, quelques fragments de baryte ou d'épontes peuvent être récoltés, avec de la fluorite jaune pâle ou bleutée et de rares sulfures microscopiques (galène, pyrite, chalcopyrite, …).

Le Var est beaucoup plus riche en fluorite que les Alpes-Maritimes avec près d'une quarantaine de sites répertoriés dans tout le département, exploitations, recherches ou indices confondus. Tous ne fournissent malheureusement pas de bons cristaux.

Bien sûr, comment ne pas citer l'incontournable mine de Fontsante, avec ses nombreux filons étalés du nord au sud, et ses superbes cristallisations bleues, vertes, noires ou jaunes. Des cristaux cubiques sur quartz aux cristallisations stalactiformes en passant par les octaèdres, tout le monde connaît et apprécie ces cristallisations.
Impossible également d'ignorer la mine de l'Avellan, toute proche, avec ses cubes vert bouteille de plusieurs centimètres, encroûtés ou non de quartz, mais aussi les cubes, plus petits, bleus ou verts des géodes des épontes ou encore ses très  rares octaèdres verts recouverts de quartz.

Mais dans le département du Var, la fluorite ne se limite pas à ces deux mines, mythiques et longuement décrites, loin s'en faut.

L'énorme gisement de Garrot et sa dizaine de filons, comparable en taille à celui de Fontsante, est constitué essentiellement de fluorite massive, les géodes y étant très rares.

Dans la petite recherche de La Madeleine, proche du site célèbre du barrage de Malpasset, quelques plaques de cristaux cubiques auraient été trouvé par le passé.

La mine du Col des Trois Termes a livré par le passé de très belles cristallisations violettes sur rhyolite, en cubes centimétriques, ainsi que des agrégats de (petits) cubes violets ou incolores sur quartz du  plus bel effet, très semblables à ceux trouvés à la mine de Maraval.
Très pure elle ne montre ici que de rares inclusions d'hématite et une fois de plus, les géodes y sont rares mais de belle qualité. Le cube est la forme prédominante et nous n'y avons trouvé qu'un unique octaèdre, mal formé et peu coloré dans la partie supérieure du filon ainsi qu'un fragment de cube de grande taille (≈3 cm d'arête) dans la partie intermédiaire.

Les deux filons jumeaux de la mine de Maraval livrent toujours de très jolies cristallisations.
Les groupements de cubes sont ici aussi dominants, le plus souvent incolores, ils peuvent également être bleutées ou verdâtres. Le faciès le plus intéressant étant l'agrégat de cubes de fluorite en « pyramide inca ». Elle est alors très brillante et montre très souvent des inclusions d'hématite, soulignant parfois les lignes de croissance, ou des saupoudrages de sidérite.
Quelques cristaux octaédriques blancs furent trouvés ces dernières années, et un unique échantillon récolté récemment (S. MAURY, 2006) nous a montré un cristal incolore sans inclusions mais avec des troncatures sur les arêtes très nettes.
Il s'agit de la seule mine de fluorite du Var à présenter une profusion de géodes de plus ou moins grande taille, mais toutes bien cristallisées.

Dans le vallon de l'Argentière aux Adrets-de-l'Estérel, le filon de la mine des Trois Vallons fût le seul à être exploité sur les trois reconnus (Plus au nord-est : le filon du Planestel et le filon des Adrets). Il est rarement possible de récolter dans les haldes des cristaux cubiques verts clair de quelque 5 millimètres d'arête au maximum, le plus souvent il s'agit de masses blanches à verdâtres informes.
Les trois filons ci-dessus se positionnent sur la grande faille de Théoule-Le Planestel, de même la petite recherche pour l'uranium de Saint-Jean-La-Berle qui montre quant à elle de jolis cubes centimétriques vert bleutés sur quartz avec des inclusions de chalcopyrite ou bien des « amas » de cristaux de la variété « anthozonite » de plusieurs centimètres. Le cube est ici aussi omniprésent. Les seules formes un peu particulières semblent dues à des lacunes de croissance (manque de place dans les cavités). Il est possible de rencontrer de rares troncatures d'arêtes ou de sommets, les formes plus complexes sont totalement absentes.
Dans les environs (≈1 km à vol d'oiseau), le petit indice du lac de la Charbonnière livre de temps à autre de très petits cubes (de 1 à 3 mm) parfois tronqués, incolores ou bleus et verts dans des cavités de la rhyolite.

Toujours aux alentours du village des Adrets-de-l'Estérel, la petite mine du Charbonnier, en fait une recherche pour l'uranium à la fin des années 60, a permis la récolte de cubes noirs de 5 mm d'arête au maximum sur rhyolite, de la variété « anthozonite », parfois sur des surfaces de plusieurs centimètres carrés. Seul le cube est présent, aucune troncature ou forme plus complexe n'a pu être observée. Souvent seule, elle peut être accompagnée de sphalérite, de gypse ou de soufre, et plus rarement de minéraux d'uranium.

Récemment, une prospection dans le secteur du col du Mistral (N. KATZENMAYER et S. MAURY 2006) a permis la récolte de fluorite sur plusieurs sites dans les environs d'Agay.
Tout d'abord, des cubes rose violacés associés à l'anatase et au quartz dans les vacuoles d'une rhyolite très foncée aux abords du Radier du Grenouillet. Les blocs étant situés en dehors de leur contexte (zone alluvionnaire) il n'a pas été possible de les repositionner dans leur cadre géologique.  Cependant la prospection systématique du ravin du Mal-Infernet, en aval du radier du Grenouillet, a permis de mettre en évidence la présence fréquente de fluorite dans de nombreux blocs de rhyolite jusqu'au confluent avec le ravin de l'Ubac de l'Escale. À partir de là en amont, jusqu'au petit lac de l'Ecureuil, aucun bloc n'a pu être échantillonné dans le torrent (couverture végétale importante, secteur calme non raviné, …), et l'origine des blocs n'a pas pu être déterminée.
Par la suite, lors d'une tentative de recherche de ces affleurements d'origine, des cubes blancs ou verdâtres sur rhyolite ou quartz ont été rencontrés au sommet du Baladou, dans des grattages de recherche des années 70.
En redescendant vers le pont du Gratadis, des cubes violacés, parfois tronqués, dans les rhyolites avec quartz, hyalite et chalcopyrite en inclusion ont pu être récoltés dans les vacuoles des arkoses du ravin du Gratadis, à proximité immédiate du petit plan d'eau.
Comme manifestement l'origine des blocs à fluorite et anatase n'a toujours pas été trouvée, les prospections continuent dans ce secteur de l'automne au printemps (accès interdit en été).

Entre Agay et Fréjus, la fluorite est connue depuis longtemps dans la carrière des Caous, en très petits cristaux cubiques incolores dans les fissures de l'estérellite, le porphyre bleu des anciens. Sa présence reste probable dans l'ancienne carrière d'Aigue-Bonne, très proche.
Dans le même secteur, elle aurait été également rencontrée en petits cubes jaunes dans les vacuoles d'une mugéarite surplombant Agay.

Dans le bassin du Reyran à Fréjus, elle est aussi connue de longue date dans les litophyses en cubes millimétriques associés à de la baryte, et en plus faible quantité dans les bulles des basaltes et des filons de dolérite, sous forme de petits cristaux automorphes.

Le massif des Maures a produit également son lot de cristaux de fluorite de tous acabits :
À la mine des Porres, de curieux agrégats pluricentimétriques de microcristaux de fluorite « chocolat » associés à de la baryte crêtée blanche furent trouvés lors de l'exploitation. Une prospection récente sur les haldes (S. MAURY, 2005) a permis de récolter des géodes de baryte renfermant de petits cristaux de fluorite de couleur champagne aux arêtes souvent tronquées, accompagnée parfois de lames de baryte, de calcite, des sulfures classiques ou de quartz.
La mine des Blaquières toute proche de la précédente, est  connue pour être l'un des seuls filons exploité de fluorite jaune du massif des Maures (comm. or. P. ROSTAN).

Dans le P.E.R. dit du « Vallon de l'Aube », sept indices ont été reconnus et partiellement exploités. Certains comme la mine de Vallon-Caoud, et la mine des Bouis ont livrées de la fluorite massive, jaune ou bleue, lors de l'exploitation De nos jours il se trouve parfois de bon cristaux centimétriques.

Même les filons B.P.G.C. du massif des Maures ont fourni de rares mais bons cristaux centimétriques de fluorite. Dans nombre de ces filons, la fluorite est un minéral accessoire ou constitue une part de la gangue du minerai. C'est ainsi que les huit filons de la mine de Vallaury exploités pour la galène au début du XXe siècle dans le bassin du Plan-de-la-Tour ont fourni des cristaux cubiques centimétriques très clairs, verts ou bleus, sur quartz en association parfois avec de la calcite en cristaux pseudohexagonaux ou de rares cristaux lamellaires de wulfénite.


09/10/2008
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